
Femme politique française engagée dans la vie locale et territoriale, Ilham Moustachir a été vice-présidente d’une communauté d’agglomération regroupant 42 communes. Pendant plus de douze ans, elle s’est investie dans les domaines de l’emploi, de l’insertion professionnelle, de la cohésion sociale et, surtout, du développement économique. Elle vient d’être nommée secrétaire générale de l’Observatoire de la diversité, une structure qui œuvre pour une meilleure représentation des parcours, des identités et des voix minorées dans les sphères publiques, culturelles et politiques. À travers ce rôle, elle poursuit son engagement en faveur d’une société plus inclusive et équitable.
Interview
Quels obstacles as-tu rencontrés en tant que femme politique issue de la diversité, et comment les as-tu surmontés ?
Comme toute personne issue d’une minorité, une femme de la diversité doit souvent faire face à des stéréotypes. Malheureusement, cela constitue une “double peine” : celle d’être une femme et, en plus, d’être issue de la diversité. Cela exige beaucoup de courage, de lucidité et de détermination. Il faut en avoir conscience, l’accepter comme une réalité, et choisir de l’affronter avec force et conviction. Les obstacles que j’ai rencontrés sont d’abord ceux que connaît toute personne issue d’une minorité : les stéréotypes, les préjugés et parfois les discriminations. Cette double peine, être une femme et, en même temps, issue de la diversité, impose de faire preuve de courage, de lucidité et d’une volonté ferme de les surmonter. J’ai toujours affirmé mes compétences avec force, construit autour de moi des réseaux solides, et démontré que mon identité est une richesse que j’assume pleinement et avec fierté.
Quand tu étais vice-présidente de la communauté d’agglomération. Comment faisais-tu entendre ta voix dans les débats en tant que femme ?
Quand j’étais vice-présidente de l’agglomération, ma participation aux débats reposait d’abord sur la démonstration de mes compétences. Il fallait montrer ce dont j’étais capable, ma détermination, ma confiance, mon sérieux et ma force de caractère. Je prenais la parole quand il le fallait. Et quand on ne me laissait pas m’exprimer, je n’hésitais pas à dire « désolée je ne suis pas un décor, je ne suis pas sur ce siège pour décorer la salle ! » Cela faisait rire tout le monde, mais en même temps, j’ai su affirmer et garder ma place en tant que vice-présidente.
Comment ton expérience de la diversité culturelle influence-t-elle ta vision de la citoyenneté ?
Mon expérience de la diversité culturelle a profondément façonné ma vision de la citoyenneté. Elle m’a appris que la citoyenneté ne se limite pas à des droits et des devoirs formels, mais qu’elle implique aussi la reconnaissance et le respect de toutes les différences. Être issue de la diversité m’a permis de comprendre les obstacles auxquels certaines personnes peuvent être confrontées pour s’exprimer ou participer pleinement à la vie publique. Cela m’a donné le sens de l’inclusion, de l’équité et de la solidarité, et m’a motivée à créer des espaces où chacun peut contribuer et se sentir légitime. Pour moi, être citoyenne, c’est aussi défendre ces valeurs et les incarner dans l’action locale et territoriale.
Y a-t-il une figure féminine dans ton entourage qui a marqué ton parcours personnel ou professionnel ?
Oui, plusieurs femmes ont marqué mon parcours, mais si je devais en choisir une, ce serait ma mère. Je l’observais de loin, car c’est ma grand-mère qui m’a élevée et qui a fait de moi la femme que je suis aujourd’hui. Pourquoi ma mère ? Parce qu’elle travaillait et s’engageait en politique à une époque où la femme était encore minoritaire, même dans son propre pays de naissance. Elle m’a transmis l’importance du courage, de la persévérance et de la confiance en soi. Grâce à elle, j’ai compris qu’il ne suffisait pas de travailler dur pour réussir : il fallait aussi savoir s’affirmer, prendre sa place et défendre ses convictions, même face aux obstacles. Son exemple a guidé chacun de mes pas, tant dans ma vie personnelle que professionnelle, et m’a inspirée à m’engager pleinement dans la vie locale et territoriale.
Tu es aujourd’hui entrepreneuse. Quel conseil donnerais-tu à celles qui souhaitent se lancer dans cette aventure ?
Aujourd’hui entant qu’entrepreneuse, je dirais à celles qui souhaitent se lancer dans cette aventure qu’il est essentiel de bien réfléchir avant de se lancer. L’entrepreneuriat est une expérience passionnante, mais elle comporte de nombreux défis, il faut savoir gérer l’incertitude, faire face aux difficultés financières, trouver un équilibre entre vie professionnelle et personnelle, et parfois lutter contre les stéréotypes ou le manque de soutien. Réfléchir en amont permet de se préparer, de planifier, et de développer les compétences nécessaires pour surmonter ces obstacles. Mais surtout, il faut avoir la conviction profonde de ce que l’on veut accomplir et le courage de persévérer malgré les défis.
Peux-tu nous partager une phrase, une citation ou un enseignement qui t’inspire ?
Après cinq années de résilience, pendant lesquelles j’ai pris le temps de réfléchir à de nombreuses choses, mon expérience politique, ma vie professionnelle en tant que cadre dans un grand groupe, et toutes les autres expériences que j’avais vécues dans la vie associative et autres, j’avais besoin de me poser et de faire le point. Dans ces moments, ma phrase fétiche était « Il y a des moments où la parole s’use et le silence commence à raconter » de Khalil Gibran.
Aujourd’hui, ma phrase est « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » de Mahatma Gandhi.
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Commentaires
Un parcours inspirant et une Femme qui incarne l’icônitude & le changement . Je te souhaite bcp de réussite dans tes nouvelles fonctions et je sais que les obstacles sont nombreux . Merci ma chère Ilham d’être mon amie 🥰.